Space Adventure Cobra – Mega CD – Archéologie Geek

Peu de monde se rappelle l’existence d’un jeu « Space Adventure Cobra » sur Mega CD, il y a bien une raison : le jeu est comment dire… « pas super », il ne casse pas « trois pattes à un canard ».
Pour autant, lecteurs, lectrices, frères geek, qui avaient commencé la lecture de cet article, restez ! (je vous en conjure).
Je vous promets, au travers de ce test, un voyage dans les années 90, du pixel art sexy, le charme de la fiction interactive (un genre oublié)… et une analyse de l’univers de Cobra, un manga culte des années 80…

Mes frères geek, tout d’abord, je dois dire que j’ai souffert pour la bonne cause; rejouer à une fiction interactive en 2022, c’est tendu : lenteur, répétitions de dialogue, images fixes, musique basique jouée en boucle…
L’esthète retrogamer vous lâchera à coup sûr dans une conversation : « tu sais Snatcher sur Mega CD c’est une masterpiece, du concentré de cyberpunk à la sauce Kojima… »
Bon ok, soyons sérieux : qui en 2022 joue à un jeu de « novel fiction » à mi-chemin entre faire un livre dont vous êtes le héros sur votre écran, et lire une BD où vous devez faire des choix pour passer à la case suivante! (hormis les japonais dont le catalogue switch démontre une addiction perverse à ce genre.)
La « novel fiction » c’est un genre à part qui à l’orée des années 80 avait du sens.
Je me rappelle de Orphée sur Amstrad, à l’aube des temps du vidéo game, ce genre de jeu stimulait notre imagination… et c’est bien la promesse que Space Cobra version fiction interactive, distille…
Est-ce possible, face à une image fixe, avec de simples choix donnant l’impression de faire avancer l’histoire, (alors que l’on est sur un rail scénaristique) de prendre son pied de gamer ? Je dirai que la réponse est non ! Mais s’il te plait, lecteurs, lectrices, reste, bientôt on verra Jane, une des naïades de Cobra, nue sous la douche…

Alors pourquoi tenter l’expérience de jouer à Space Cobra?
Premièrement parce que la puissance évocatrice, de l’univers du manga crée par Buichi Teresawa est telle que la magie opère toujours.
Enfin soyons honnête (d’ailleurs c’est le fil conducteur de ce test : l’honnêteté), la magie opère 2 minutes chrono, ensuite tu effaces la rom et ton cerveau de homo 2022 youtube-man efface les 2 minutes de souvenirs d’avoir joué au jeu et tu passes vite à autre chose : les notifications hystériques de ton smartphone et l’envie compulsive de le toucher toutes les 3 secondes rythment de nouveau ton quotidien d’homme moderne.

Pourtant, mon frère, regarde bien ces quelques heures passées sur Space Cobra étaient un havre de paix… Aucun risque de crise d’épilepsie, comme cela pourrait être le cas, en jouant à Overwatch…
Pas besoin de te prendre la tête entre la version PAL ou NTSC, ici le 60 images secondes on s’en fiche, et ça fait du bien !
Vives les raretés sur Mega CD , elles permettent de retrouver l’art de vivre des années 80/90 !
Vive l’ennui vidéo-ludique !

Space Cobra Mega CD est certes un mauvais jeu sorti en 1995 mais il nous réapprend à vivre comme dans les années 90 : une époque où on savait bien s’ennuyer à lire en boucle le même magazine Mega Force ou Console Plus… Une époque où nos imaginations fécondes nourrissaient nos rêves les plus fous…
En insérant, le CD Space Cobra dans son Mega CD chéri, c’était tout un nouveau monde qui s’ouvrait à nous. On ne parlait pas encore de pixel art, la fiction interactive nous offrait la possibilité de revoir notre héros préféré sur console CD !
Car Space Cobra, c’est aussi l’incarnation de l’homme augmenté, surpuissant et pourtant si humain, blagueur, sympa, le meilleur ami dont on rêverait tous…
Space Cobra c’est un manga cool, très inspiré par le pulp et Stars Wars, dixit les interviews de Terasawa son créateur, et qui réussit un tour de force : créer son propre univers, sa propre poésie, comme ces livres migrateurs, mi-livres mi-oiseaux, que l’on retrouve dans le manga et l’OAV.
Des objets usuels, transposés dans un contexte qui d’apparence est hors sujet, projettent une féerie : par exemple, l’ordinateur de Cobra est un magnifique Piano classique… D’ailleurs on peut en jouer dans ce jeu Mega CD;, alors reste mon frère, pour écouter sa mélopée retro-futuriste !

Que se passe t’il dans cette novel fiction ?
On reprend l’un des scénarios les plus célèbres du manga : cette histoire de trésors autour des 3 sœurs et leur tatouage dans leur dos qui en réalité cachent une carte, une énigme pour arriver à un trésor.
Côté méchants, on retrouve l’homme de verre aka Crystal Boy et les pirates de l’espace.

Côté gentils, on retrouve bien sûr Cobra assisté par Armanoïde (Lady) sa coéquipière cybernétique.

Cobra dont les traits sont ceux de Jean Paul Belmondo, est le personnage principal de l’histoire, celui que vous incarnez.

Vous démarrez l’histoire devant un bar où vous avez rendez vous avec un personnage mystère, il s’avère que c’est Jane, une des trois sœurs citées plus avant.
Après un combat avec des voyous dans le bar, vous partez avec Jane en direction d’un cimetière à la recherche d’une tombe. Via cette tombe, vous êtes censé retrouvé Armanoïde et votre vaisseau le « Turtle ». En gros, je te fais le « teasing » du début de l’histoire pour essayer de te mettre en appétit, façon de parler…

Arrivé sur place, vous pouvez d’ailleurs (chose incroyable!) utiliser momentanément la croix directionnelle pour avancer dans une allée du cimetière et éclairer des tombes à votre gauche ou votre droite, à la recherche de celle qui vous permettra de retrouver votre vaisseau.

Ensuite, entre en scène l’homme de verre et ces sbires que vous avez beau combattre, rien n’y fait… le jeu vous fait comprendre que la seule solution est de fuir.
Vous avez pourtant utilisé le psychogun, le canon au bout du bras de Cobra, dont l’énergie produite, même si elle rate sa cible, peut par la force de la pensée faire un virage et revenir sur la cible, l’arme ultime…

Bon, il vous faut trouver un passage secret depuis la fausse tombe dont le symbole gravé dessus rappelle votre vaisseau le Turtle…
1er acte du jeu : Trouver votre vaisseau, et partir dans l’espace, en compagnie de Jane et Armanoïde.

Jane, vous explique qu’elle a un rendez-vous avec un mystérieux informateur et vous décidez de faire une halte sur une planète de sable. Vous atterrissez au milieu de vestiges historiques d’une civilisation extraterrestre.
Alors à partir de là, le jeu s’enlise… A mon sens, le début de l’histoire était assez dynamique (toute proportion gardée : on joue à une novel fiction sur Mega CD de 1995 adapté d’un jeu PC Engine CD de 1991) mais si le premier quart d’heure est sympa, ensuite c’est hard : on démarre une sorte d’enquête poussive…
Dans un premier temps, c’est champagne : on peut à nouveau contrôler Cobra au pad pour le déplacer dans les ruines du temple où vous avez atterri…

Quelques instants plutôt vous aviez ouvert du Champomy quand aviez pu déplacer Cobra dans le couloir du Turtle et s’assoir sur son célèbre ordinateur piano ! Bon, cette fébrile excitation est vite oubliée…
Déjà de base, la novel fiction c’est cliquer sur des choix limités : « talk » « think » « move » « look », en relançant plusieurs des boites dialogues car souvent cela débloque un nouveau choix de sujet pour faire avancer l’histoire. Rapidement on se retrouve donc à essayer toutes les combinaisons possibles de dialogues.

Sur cette planète de sable, que pasa ?
On recherche un mystérieux Dr Light dont on visite la hutte où se trouve une plante Perroquet; le Dr Light n’est pas là.
S’installe la sensation que l’histoire n’avance pas. Déjà, il y a l’alternance jour / nuit, attendez on se calme, ce n’est pas Cyberpunk 2077, mais en gros, sur cette planète de sable, la trame de l’histoire n’avancera pas tant qu’on ne sera pas passé de nuit…
A ce stade, si vous n’avez pas arrêté de jouer, c’est mauvais signe : soit vous êtes dépressif, soit vous êtes en quête de légitimité geek et votre motivation est de lancer fièrement un post sur groupe Mega CD Facebook, du style « j’ai terminé Space adventure Cobra  » !

La nuit arrive, vous trouvez Jane dans le lit de votre cabine de vaisseau; quelques temps auparavant elle prenait une douche interminable… j’avoue avoir eu du mal à ressentir une quelconque excitation face à son corps nu pixelisé (NDLR: à la date du jeu ça aurait franchement marché sur les puceaux que nous étions), la faute à la musique répétitive et à la lenteur de l’action. Il aurait suffi de m’attacher sur un fauteuil pour que ce jeu vire à la torture psychologique… Je n’ai pas réagi à la vue de Jane dans la douche, ça fait 30 minutes que je joue, mauvais signe… Ari Cow, tiens bon! tu es un premier de cordée… Continues à jouer! C’est pour tes frères Geek que tu fais cela, tu t’enfonces dans l’ennui profond de ce jeu qui massacre au passage une des meilleurs licences manga des années 80 mais il faut tenir bon car je dois vous dire ce que j’ai vu et ressenti en jouant plusieurs heures de suite.
Je suis en mission pour les confréries geeks.

Bon, revenons au cœur de l’action, Jane est dans votre lit et vous tentez de vous glisser à ses côtés; d’ailleurs le vrai Cobra aurait tenté à coup sûr et sous la plume de Teresawa, il aurait réussi à rejoindre la belle Jane. Cobra était un manga shonen, destiné à de jeunes adultes, lorsqu’il a vu le jour dans les pages du célèbre magazine japonais Jump. Mais là que nenni, Jane vous éconduit fermement et vous invite sèchement à aller dormir dehors !
Vous sortez du Turtle et vous vous baladez dans les ruines du temple en visitant tous les lieux possibles; on se rend compte que l’on peut aller dormir dans la hutte du Dr Light, ce mystérieux docteur dont l’ensemble des PNJ croisés autour du temple vous parlent.

Durant votre sommeil, la cheminée s’illumine, des flammes en forme de visage s’adressent à vous…

La suite, je ne vous la dirai pas… premièrement parce que j’ai décroché.
Une fiction interactive aussi mal rythmée avec des voix digitalisées en anglais très moyennes et la sensation de répéter sans cesse les mêmes phases de jeu ont un seul effet : donner l’envie d’arrêter !
Seule petite fierté : avoir essayé… et se faire une idée plus précise du jeu. Cela peut être un atout pour prendre l’ascendant dans un débat courtois avec un frère geek lors d’une convention.

Bien sûr, que la fiction interactive a eu ses lettres de noblesses avec Snatcher de Kojima mais n’est pas Kojima qui veut ! Snatcher c’est le haut, très haut du panier.
Dans cet article j’aurais pu revenir sur le personnage de Cobra plus en détail mais tout a déjà été dit sur lui. Je suis personnellement fan de Cobra et j’invite, par exemple, mes lecteurs à voir les nouveaux animes OAV sortis en 2008 et 2010 car il n’y a pas que la série et le film des années 80…
Alors fonce, mon frère, et regarde au passage Goku Mignight eyes de Terasawa, un animé fin année 80, injustement oublié, où tu retrouveras un feeling similaire à celui de Cobra au travers de l’anti-héros Goku. Car, comme Hugo Pratt qui s’était sublimé dans les traits de son héros Corto Maltèse, Cobra/Goku, sont des avatars de Buichi Terasawa…

Pour conclure sur ce jeu, vous pouvez acheter une repro pour 30€ (why not?) mais n’y jouez pas, surtout pas ! Continuez à flirter avec l’espoir d’un lecteur de Mega Force qui, dans les années 90, divaguait en regardant des « screenshots » du jeu et imaginait ce qu’aurait pu être ce jeu s’il avait été réussi !
Au passage dans ce futur alternatif dans lequel Space Adventure Cobra est un « must have », vous pouvez aussi imaginer que les suites de Predator furent toutes des chefs d’œuvre. (NDLR : vas falloir qu’on en discute…)

Bon, et puis la jaquette du jeu est tellement collector que je valide à 100% ce game, autant pour le collectionneur que pour le fan de Cobra !NDLR : cet article a été précédemment publié sur le site MegaForce mais a été retiré et rendu à son auteur pour des choix éditoriaux. Ceci en est une version remaniée pour Gamers Du Grenier.

 

 

 

 

1 Commentaire

  1. Wahou merci beaucoup pour la découverte je n’avais pas la moindre idée d’une telle existence !
    Bon après la qualité du jeu arf 🙁

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