Aux origines du mal !!!

Il est souvent dit que l’on s’épanche plus sur ce que qu’on désire que sur ce qu’on connait vraiment.

Depuis que ce site existe, nous nous sommes penchés sur plusieurs matériels d’origines diverses ; des consoles pour la plupart, des jeux souvent, des contrefaçons beaucoup… (une petite passion pour MatSilent. Tiens donc, viendrais-je de parler de moi à la 3ème personne…), des ordinateurs certes mais de manière anecdotique.amstrad-logo-mosaique

Donc aujourd’hui, on repart à la base, au vrai point de départ, au déclencheur de bien des choses (peut-être au début de la fin diraient certains…) chez le rédacteur de cet article.

atari 6 switch

Atari VCS 2600 6 switchs

Nous sommes à une époque où votre serviteur ne détient encore aucun matériel vidéo-ludique, un de ses cousins possède une VCS 2600 dont les jeux ont beaucoup moins de couleur que sur les photos du carton d’emballage et que sur la même console que le père d’un ami a ramené d’Israël (on y reviendra… au nombre des couleurs) et un autre un Radiola VIDEOPAC PAL dont il lui est impossible de visualiser les couleurs ne disposant que d’une TV SECAM,

Videopac

Videopac

cette dernière est un espoir d’ordinateur puisque disposant d’un clavier mais hélas d’aucune cartouche (éditeur de texte ou langage de programmation) ne lui permettant d’en faire quoi que ce soit.

 

 

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Apple II Plus

Côté ordinateurs, dans un premier temps il découvre l’Apple IIC chez le père d’un camarade de CP; c’est gros mais c’est captivant… image monochrome couleur ambre sur fond noir, logiciel de dessin au moyen de caractères ASCII, waouh !
Un de mes grands oncles, VRP dans tout, monte et démonte à chaque utilisation un IBM transportable avec un écran d’au moins 7 pouces dont le nombre de fils externes interconnectés fait presque peur, le tout se logeant dans un sac de transport en toile cirée ou chaque poche est ajustée pour recevoir un élément, le tout se logeant ensuite dans une valise adaptée de taille malle coloniale (et on dit que les poupées russes c’est chiant!).

L’étincelle avant l’explosion

Première lueur précédent le Big-Bang : le plan « Informatique Pour Tous » sous le Ministre de l’Education Nationale de l’époque Lionel Jospin, les écoles primaires se voient dotées de salles informatiques équipées en ordinateurs Thomson MO5 et TO7 avec ordinateur serveur de marque Victor… c’est le « Nano Réseau« .

Pour une fois, une passerelle vient d’être jetée entre des enfants de 8 ans et le monde des adultes car tous doivent apprendre à apprivoiser la bête en même temps.
Dans la salle informatique, tous les midis avec un groupe restreint d’élèves nous faisions ingurgiter à nos machines des centaines de lignes de basic ou de logo en compagnie de celui qui pendant deux heures se retrouvait (avec joie) dégradé de « Monsieur l’Instituteur » à « mon pote Philippe » (en plus on gardait nos vêtements…).

Et c’est devant ce constat de langage commun (et incompréhensible pour lui) établi entre des gamins et des adultes « sérieux » que mon père bascule dans « l’ordinateur à la maison, c’est l’avenir pour mon fils; Papa va te trouver un ordinateur que tu vas choisir ! »

Ca y est, ça pète !

Depuis quelques mois, un certain Alan Michael Sugar ayant créé sa marque AMSTRAD nous trimballe des pubs ultra-classieuses dans les magazines (bien avant les crocodiles en mousse qui rapent en français) ou des claviers sombres sauvagement plantés de touches de fonction aux couleurs Benetton sont posés sur fond aussi sombre mais avec en éclairage arrière un effet laser traversant la fumée… ce sont celles du CPC 464, un ordinateur possédant un lecteur de cassette intégré.a464
La machine est une bête d’efficacité pour l’époque : 16 couleurs affichables simultanément sur un choix de 24, 3 résolutions allant jusqu’au 640×200 dépendant du mode de couleurs souhaité, 64k de RAM, le fameux lecteur intégré lui permettant d’enregistrer ses programmes en un seul essai sans avoir à ce soucier du volume sonore pour l’enregistrement.

Avant de décider mon père au déliage de bourse final j’apprends que le père d’une de mes copines de classe en possède un, qu’il y passe ses journées dessus pour cause de grave maladie et qu’il a presque tous les accessoires qui existent.
Je la raccompagne chez elle (à l’époque j’avais 8 ans, pour m’obliger à aller chez une fille c’est que je voulais vraiment voir l’ordinateur…quelques années plus tard je suis retourné chez elle pour autre chose et ça c’est moins bien passé…), j’ose me présenter et là je vois un amas d’interfaces autour de la bête : extension gigantesque portant la bête à 128k de RAM à l’arrière, double lecteur externe de disquettes 3″ sur le côté pour accélérer les temps de chargement et simplifier la copie.
Je suis fasciné par tout ce que la machine peut faire mais je sais que mon père aura peur d’une chambre qui ressemble au labo de Frankenstein.
PRODPIC-22701« N’aie pas peur, regarde ce magazine anglais, il viennent de sortir le CPC 664 à lecteur disquette intégré et ils vont même sortir une version avec 128k pour l’été… tout ce que tu vois ici tiendra dans un clavier », me dit-il.

 

Le choix était fait, j’aurais un lecteur de disquettes et 128k de RAM, j’aurais un CPC 6128 !

cpc6128

 

Noël, joyeux Noël !

25 Décembre, il est là, je déballe, devant ma mère et ma jeune soeur de 3 ans on branche avec mon père la prise de courant unique nécessaire pour démarrer la bête (argument qui sera repris plus tard par Apple pour l’Imac) et c’est beau… le kit de disquettes est ouvert avec la plus grande déférence pendant que les premiers versets du manuel sont lus à haute voix telle une Bible à l’office du Dimanche.
Les démos fournies sont exécutées avec brio, ça clignote, ça fait du son, c’est animé, je suis aux anges jusqu’à ce que mon géniteur adulé me demande : « vas-y, fais un truc… montre nous quelque chose… vas-y, programmes ! »
S’en suivit alors une bonne heure de discussion pour expliquer que les langages différaient entre les machines et que c’est maintenant que la machine était là que j’apprendrai à la faire fonctionner… Auditoire ayant dépensé 8000 Francs peu convaincu, ambiance de merde…

Heureusement, mon Oncle le plus jeune venait de s’offrir le même cadeau car la société pour laquelle il travaillait utilisait des CPC (oui, oui ! en entreprise ainsi que des Amstrad PCW ) et débarqua à la maison avec tout un lot de disquettes pirates directement débarquées d’Angleterre contenant jeux et applicatifs divers. Le clash du matin devint une grande journée joyeuse de découverte et de formation.
fruityMon père découvrit Multiplan (un tableur qui avait l’avantage d’avoir une logique de fonctionnement « à la Française ») qui le il convainquit alors de prévoir l’achat d’une imprimante à aiguilles quelques mois plus tard  ainsi que le jeu Fruity Franck qui lui le convainquit de placer l’ordi dans « sa » chambre pour pouvoir veiller à « mes » temps de repos vidéo-ludiques.

J’étais fasciné par la beauté des jeux qui étaient portés du ZX Spectrum car là les couleurs étaient « nettes », elles collaient au contour des personnages.
J’ai adoré les jeux en 3D isométrique, Knight Lore, Head over Heels, Batman (où on reconnait immédiatement la tête d’Adam West)…

Je suis toujours en extase devant Gryzor, la version européenne de Contra, sans scrolling mais tellement rapide…

Quand les machines 16 bits ont débarqué j’étais toujours en attente des prouesses des développeurs CPC qui repoussaient encore et encore les limites de la machine pour s’approcher du produit d’origine.

cpcmanualJe n’ai jamais eu l’audace ni le courage de me lancer dans le langage machine, j’ai beaucoup recopié de listings en BASIC du manuel (pour rien pour certains car la première fois avec mon père, on ne savait pas qu’il fallait formater les disquettes sous CP/M avant de sauvegarder), testé presque tous les programmes que les magazines de l’époque proposaient gratuitement.
Je rêvais de créer mon propre jeu (comme beaucoup), aussi je me suis acheté deux ans plus tard des extensions au BASIC Amstrad qui contenaient des comportements d’ennemis, des détections de collisions préprogrammées, etc… je l’ai couplé à un voleur de sprites glâné dans un magazine et j’ai commis quelques créations bizarres comme un Space Invader avec les sprites de Turrican.

J’ai beaucoup joué (beaucoup, beaucoup, beaucoup), j’ai utilisé Discology (beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop !), puis je me suis passionné pour le dessin bitmap ce qui m’amena a m’offrir le combo « OCP Art Studio » + interface souris. Encore une astuce pour créer des sprites directement sans passer par la bonne vieille méthode du dessin sur papier millimétré puis codage en HEX.

Côté utilisation professionnelle, mon père rédigea ses courriers et fit la compta de son boulot ainsi que de son association caritative sur cette machine durant 8 ans sans interruption jusqu’à la mort pour cause naturelle du CPC.

Un peu avant que la machine ne rende l’âme, je me suis offert un Amiga 500 d’occasion sur lequel j’ai beaucoup joué et où j’ai fait mes armes en dessin et animation avec Deluxe Paint mais sur lequel je n’ai jamais programmé.

Mon père lui s’est rabattu sur le PC fournit par son travail mais n’y a jamais joué (sauf au freecell mais ça ne compte pas).

C’est là qu’on peut voir que telle ou telle machine est vraiment spéciale, que l’on se rend compte que certes la nostalgie peut rendre le désagréable « pas si chiant » ou bien le défaut « amusant » mais que certaines vieilles machines avaient quelque chose en plus, des machines qui issues de la simplicité de leur prédecesseurs amenaient un plus qui permettait de « tout faire » même à de simples utilisateurs.

Aujourd’hui j’ai quelques CPC que j’ai retapé pour l’association et j’avoue que quand ma fille de 8 ans, habituée des jeux tablettes et autres consoles modernes m’a demandé quand je les testais si on pouvait taper des programmes du manuel ensemble pour faire comme avec papi, j’ai eu une petite montée de liquide dans les optiques avant.
Maintenant que les courroies sont changées (voir un des articles précédents), j’attends mes vacances d’été pour tester avec ma fille un petit programme de billard et un petit jeu à la Loderunner en caractère ASCII, ça me ferait délirer qu’on étiquette la disquette et qu’on la ressorte dans 20 ans… si mes CPC marchent encore.

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