Macross Do You Remember Love? Sega Saturn

Do you remember love? rappelle-toi de l’amour que tu portais à la série…

l’écran d’accueil

« Macross do you remember love? », ça va être nécessaire de te rappeler de l’amour que tu portais à Macross / Robotech pour aimer ce jeu, sorti au Japon en 1997 sur Sega Saturn… Car c’est littéralement ce que l’on peut appeler un fan-game, un genre méconnu.

Oui, Macross sur Saturn est une sorte d’hommage au film éponyme sorti en 1984; le jeu regorge de superbes cinématiques à foison, illustrant tous les moments clefs du film et de l’animé. Pour l’époque, ces cinématiques faisaient cracher les poumons de votre Saturn et on avait des étoiles plein les yeux et de petits papillons dans le ventre à la vue de ces courts extraits, même avec une 240p poussive codée en MPEG-1… qu’importe, nous étions en émoi.

Pour rappel, la Saturn avec une carte de décompression en option pouvait décoder du VCD et lire un film. Ici, pas besoin de cette option, pour jouir de ces extraits.

La première question qui vient est:
« peut-on réellement apprécier ce jeu sans avoir jamais vu l’anime ou bien le film de 84 »?
Question à laquelle, je répondrai « NON » !
C’est un schmup bien trop approximatif et sans aucune originalité, il n’a pas d’identité ni de gameplay intrinsèque propre. Et puis les ennemis semblent se balader sans interférer avec vous, vous êtes alors comme un spectateur, si je forçais le trait, je dirais « lost in translation » dans « Macross do you remember love ».
Ces séquences d’anime entre chaque stage sont donc indispensables, elles rechargent en vous une sorte de motivation pour continuer l’aventure même pour un fan averti.
Et puis, ça colle, avec l’ambiance de Macross car Macross c’est épique : l’humanité face à une invasion d’aliens humanoïdes géants et belliqueux. Ces géants, les Zentradiens, ne se reproduisant plus naturellement, cela fait depuis fort longtemps que leurs élites ont forcé la procréation artificielle comme mode d’évolution de leur population.
Frère geek, fais attention! Attention à cette pente glissante qui pourrait te mener à penser que Macross préfigure notre futur et qu’une élite malfaisante, recluse sur la face cachée de la lune, nous prépare cela en coulisse.

Epicness, héroïsme et sacrifice

pochette sega saturn 1997

Macross c’est épique (je l’ai déjà dit..), l’histoire d’une humanité en partie éradiquée et dont les seuls survivants luttent avec acharnement depuis un méga vaisseau, la forteresse !
Ce vaisseau est une sorte de découverte archéologique, c’est-à-dire que les humains trouvent un méga vaisseau ayant appartenu à une autre race ultra avancée technologiquement (peut-être des ancêtres communs aux humains et Zentradiens…), des bâtisseurs du passé. Cette méga-forteresse est assez puissante pour faire face à la force alien; elle abrite aussi une ville, un avatar d’arche de Noé.  Macross c’est la survie de l’espèce humaine sur une terre au trois quart rasée où la forteresse livre les dernières batailles face à une armée alien colossale composée de millions de vaisseaux !

Au vu de ce contexte, est ce que « Macross Do you remember love » réussit à retranscrire cet enjeu paroxystique ? Je répondrai par un grand OUI ! En ce sens, c’est un bon jeu : la dimension épique, distillée par les graphismes et l’ambiance sonore, fait palpiter nos petits cœurs geek. Les voix digits sont percutantes et lors du premier stage, en toile de fond, on voit une bataille titanesque où des sortes de laser scalaire pulvérisent des villes.

L’un des symboles de Macross / Robotech, c’est son mecha le « Valkyrie », un mecha qui a 3 modes de fonctionnement : le premier, en avion de combat avec des ailes à géométrie variable, rappelant le F-14 Tomcat, un deuxième mode, hybride, où les pieds du mécha sont déployés, il est comme à moitié transformé (un dessin parlera plus), et un troisième en mecha de forme humanoïde dont la taille est identique à celle d’un géant Zentradien.
Est-ce que Macross Remember love, offre l’impression de jouissance de piloter un Valkyrie, je répondrai là aussi un grand OUI ! Il n’y a pas d’upgrade de tir, dans ce jeu, on a l’arsenal de base, un tir classique en mode avion, le tir via le fusil mode mecha et hydride, et les fameux petits missiles qui partent par myriades ! Ces missiles qui partent par nuée, donnant l’impression de consteller ses ennemies de petites explosions ciblées, sont ultra jouissifs ! Là encore, « Macross Do you remember love » a réussi à retranscrire ce feeling issu de l’anime… et un Valkyrie c’est tellement beau !

Un magnifique Valkyrie nom code : VF-1

transformation hybride mi-avion mi-mecha

Mais alors, où est le problème? Macross dont j’ai débuté la description avec des termes peu élogieux, pour le qualifier de schmup sans gameplay intrinsèque, semble tout de même détenir certaines qualités.

2 plans ça va, 3 plans bonjour les dégâts !

Et bien le premier « big » problème selon moi, c’est ce parti pris avec différent plans : on a des ennemis au 1er plan, et d’autres au 3ème plan, en nous situant nous, le Valkyrie, au second plan dans le lequel nous sommes bloqués, les ennemis pouvant aussi nous attaquer depuis ce second plan.
Bon, vous avez compris, c’est un gros bordel; on a des ennemis qui du troisième plan nous tirent dessus, de même pour des ennemis du 1er plan et lorsque les ennemis sont situés sur un autre plan, seuls nos mini missiles peuvent les atteindre ! Et encore, si ces ennemis daignent rester à l’écran car souvent ils ne font que passer ! On n’a même pas le temps de les shooter ! Voilà le premier problème notoire et qui du coup, tempère la hype que l’on peut avoir sur ce jeu que l’on peut encore trouver à 30€ sur Ebay ! On est loin d’un « Layer Section », un schmup qui gère parfaitement le second plan; c’en est même son ADN au vu de son nom.
Alors pour ce Macross : 2 plans ça va, 3 plans bonjour les dégâts !

Les boulettes que peuvent vous tirer dessus les aliens sont très petites, ou bien dans certains cas, elles peuvent subir un zoom car elles passent d’un plan à un autre…

Ensuite la gestion des collisions : on a une barre de vie et des ennemis qui défilent à l’écran et bien des fois on ne sait plus trop sur quel plan ils sont. On a beau réussir des esquives de leurs boulettes, on les percute et on perd de l’énergie sans trop comprendre ce qui se passe.
On est forcé de pousser la comparaison avec « Macross Valkyrie » sur Super Famicom; ce jeu nous démontre que l’on pouvait tout à fait faire un schmup correct dans l’univers de Robotech / Macross. On voit bien qu’il y a eu un parti pris de la part des développeurs pour ce jeu Saturn : un hymne à Robotech, en faisant un jeu peu punitif qui fera revivre les moments clefs de l’animé avec des cinématiques fidèles.

une screenshot du jeu

Celles dédiées à Minmay, célèbre chanteuse dans le monde de Macross, sont sublimes ! Ses chansons perturbent les Zentradiens en émoustillant leur sens et rappelant en eux leurs lointains désirs sexuels atrophiés par des siècles de procréations artificielles.
D’ailleurs, dès que les humains vont comprendre cela, ils vont l’utiliser comme une arme psychologique.
Rick Hunter, le héros, embrassera à la volée Lisa face à des Zentradiens lors de leur capture pour les déstabiliser et profiter de cet effet de surprise pour s’évader. De même à la fin du film et de la 1er saison de l’anime, lors de la bataille finale, Minmay chantera en live en pleine bataille puis embrassera un autre chanteur et, diffusé en temps réel, ce show troublera les aliens livrant l’ultime bataille.
Ce moment est vraiment puissant, surtout dans sa version US avec la célèbre chanson « We Will Win »; dans sa version nippone la chanson est moins pêchue, selon moi. Pour une fois, l’habitude est inversée, c’est un OST US qui fait la différence.
Encore quelques mots sur Minmay, la chanteuse « idol » de la série; hé bien, même en 2022, les cinématiques où elle est mise en avant ont fait vibrer mon cœur… un de mes premiers amours.

 

« Macross Do you remember love » produit un avis mitigé, fait de nostalgie encore bien vivante avec un gameplay moyen; c’est le comportement des ennemis qui affaiblit ce titre car le Valkyrie se déplace bien avec fluidité, les 3 transformations qui se commandent avec les L et R se réalisant proprement.

Surtout, on a une belle photographie, pourrait on dire, si l’on parlait d’un film on le qualifierait ainsi. Les graphismes sont beaux, les décors en arrière-plan sont sublimes, la notion de pixel art prend tout son sens avec ce jeu; sur un Sony Trinitron (la bécane de votre serviteur) ça claque! Les décors ont des dégradés de couleurs subtils, on a littéralement des tableaux pixellisés qui mettent en scène cette guerre fratricide entre humains et Zentradien…

la belle Minmay avec Rick Hunter

Mention spéciale au stage à l’intérieur de la Forteresse, tellement gigantesque qu’elle abrite une ville (sorte d’arche de Noé des temps modernes), on vit un moment incroyable lorsque le vaisseau forteresse se transforme en un mécha titanesque et que la ville intérieure se détruit à cause du changement de forme de la structure globale de la forteresse. C’est très bien retranscrit dans le jeu.

De même pour le stage à l’intérieur du vaisseau Zentradien, leur intérieur est organique : on y voit des sortes de neurones géants donnant l’impression que ces aliens maitrisent une techno complexe où les acides aminés, les éléments précurseurs de la vie, sont à la base de leur mode de propulsion énergétique… Ce stage est immersif et la singularité du design des aliens est parfaitement réalisée. Il y a donc eu un travail poussé, pour donner une patte graphique à ce jeu et ne pas décevoir la fan base importante au Japon. D’ailleurs c’est une exclusivité sortie seulement au Japon.

Pour résumer, on a un jeu qui visuellement est un écrin du pixel art !

Quelques mots sur les musiques qui avec le format CD sont parfaitement reproduites : à l’écoute c’est un sans-faute sur cet aspect. Pour rappel, la Saturn possède un hardware sonore de folie (puce Yamaha 24bits).

Ce jeu reste malgré tout confus sur plusieurs points avec sa multiplicité de plans, ses ennemis qui ne font que passer et aussi cette impression que le jeu te laisse gagner car il faut le dire : « Macross Do you remember love » n’est pas un jeu dur (enfin avec le niveau de difficulté « normal »).
Cela n’est pas si grave, car on est aussi là pour vivre une expérience de jeu inédite : être momentanément l’acteur d’un anime. Et c’est peut-être là la mission réelle de cette œuvre vidéoludique, vous donner l’impression d’incarner le héros de Robotech (j’alterne depuis le début de ce test, entre l’appellation, US Robotech, et Nippone, Macross, j’aime les deux), et de vivre manette en main, cette épopée. A ce titre : mission accomplie !

Un OVNI… mai quel OVNI !

Après ma mémoire de gamer enregistre surtout la qualité d’un gameplay et récemment j’ai plutôt été marqué par la qualité du gameplay de « Balloon fight » sur Famicom… « In gameplay we trust », voilà mon credo.

Macross laisse donc un souvenir vaporeux, non pour le moins agréable, dans lequel nous n’étions que les spectateurs d’un space opéra.

La pochette de Macross sur Famicom

C’est en ce sens que je dirai que l’on est presque dans un jeu expérimental pour l’époque, une sorte de produit dérivé qui cherchait à faire vivre plus intensément aux fans, l’aventure Macross.

Pour rester dans la licence, je conseille fortement Macross Valkyrie sur Super Famicom et en particulier la rom améliorée que l’on peut récupérer sur CD Romance et qui corrige des ralentissements. On peut aussi conseiller le Macross, sur Famicom qui, basé aussi sur un scrolling horizontal comme celui de la Super Famicom, permet déjà pour l’époque les 3 transformations de votre Valkyrie.
Et puis, Macross, c’est un anime des années 80; un jeu charmant à conseiller aux contemplatifs et dont le prix est accessible.
Pour ceux qui le découvriraient, fonçez voir l’animé puis regardez Macross Plus, avec l’OST de Yoko Kanno, un chef d’œuvre.

Pour finir, je finis cet article avec la cinématique d’intro sur Saturn postée sur Youtube; il faut se replacer en 1997, quand on voyait cela, on était dingue !

 

 

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